Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

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Allemagne


Des syndicats sous haute surveillance

 

Du jamais vu dans un conflit social, la direction allemande de Meister a envoyé dimanche une quinzaine d’hommes sur le site de Sprimont, en province de Liège, pour y récupérer trois camions remplis de matériel. Les syndicats se sont opposés à cette « manoeuvre de force », déterminés à ne pas laisser sortir le convoi. La milice est finalement sortie du site, sous escorte policière. La tension des dernières heures est retombée, mais la colère et l’indignation des travailleurs demeurent. Une nouvelle réunion entre syndicats et direction est prévue ce lundi. Par C.B. avec M.-P. Deghaye et E. Dagonnier pour rtbf.be.

 

Ce dimanche après-midi, vers 14h, une quinzaine d’hommes, gilets pare-balle sur le dos et armés de matraques, de battes de baseball et de sprays lacrymogènes, se sont introduits dans l’entreprise Meister de Sprimont. Un véritable commando d’une société privée de gardiennage allemande envoyée par la direction pour récupérer des pièces de voitures fabriquées dans sa filiale belge.

Les syndicats étaient décidés à s’opposer à cette manœuvre. Les agents privés de sécurité ont sorti de force violemment le personnel. Trois ouvriers ont porté plainte pour coups et blessures. Une trentaine de policiers sont arrivés sur place. Les hommes du groupe privé ont été bloqués à l’intérieur avec trois camionnettes et deux camions. Dehors, une cinquantaine de travailleurs et de syndicalistes refusaient de les laisser sortir.

Le conciliateur social, Jean-Marie Fafchamps, est arrivé sur place en début de soirée. Il a annoncé qu’un conseil d’entreprise extraordinaire devait être organisé. En attendant, il a été interdit à la milice de sortir du site. Le bourgmestre de la commune a également décidé d’interdire, pour des raisons d’ordre public, tout mouvement de véhicule « tant que la réunion du conseil d’entreprise extraordinaire n’a pas eu lieu », a-t-il expliqué (écoutez, ci-contre).
Vers 19h30, une délégation de la FGTB et de la CSC est entrée dans le bâtiment avec le conciliateur social pour tenter de négocier avec les membres de cette milice. Peu avant 21h, on apprenait que les négociations étaient interrompues et qu’un membre de la direction allemande était toujours attendu sur place. La direction allemande de Meister a demandé aux travailleurs de laisser passer ces personnes avec le matériel. Ce qu’ils ont refusé. Travailleurs et syndicalistes se disaient prêts à y passer la nuit.

Il faut savoir que les relations sont tendues depuis quelques jours chez Meister Benelux entre la direction et le personnel. Les travailleurs ont appris lundi, lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire, que deux importantes commandes qui devaient être réalisées sur le site belge de Meister seront traitées ailleurs (République tchèque). Mercredi, la direction avait été séquestrée par les travailleurs à Sprimont.

Cette nuit, les relations se sont fort heureusement apaisées. La milice a d’ailleurs quitté les lieux vers 1h30, sous escorte policière. « En définitive, déclare Jean-Luc Noirfalise (FGTB), c’est ceux qui sont venus nous agresser qui sont protégés par la police. » Aucun matériel n’a été emporté. « Ils sont partis bredouilles, j’espère qu’ils vont être sanctionnés par la justice. »

Le calme revenu, l’amertume et la colère n’en demeurent pas moins encore fortement présentes du côté des travailleurs et leurs organisations. « Je pense que l’on vient de toucher le sommet de l’intolérance sociale, commente Jean-Luc Noirfalise. Payer une milice privée pour boycotter les travailleurs et les syndicats, c’est du jamais vu ! Ce sont des exemples qui se sont passés dans les années 30 (…) C’est le début d’une société dictatoriale. Je crois qu’un état de droit, s’il veut l’être encore, se doit de réagir très rapidement. Nous, à la FGTB, nous allons le faire. »

 

 

 


29/02/2012
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