Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

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Ecole


Où donc est passée la gratuité scolaire ?

 

le 28 Août 2012

 

Alors que l'école gratuite est inscrite dans la constitution, les dépenses imposées aux familles grèvent de plus en plus leur budget. Cantine, fournitures, livres, clés USB, sorties... Face aux exigences grandissantes du système éducatif, le porte-monnaie des familles est de plus en plus sollicité. Le principe de gratuité, inscrit dans la Constitution, reste un combat à mener.


Cette année encore, le coût de la rentrée scolaire fait les gros titres des médias. La semaine dernière, l’association Famille de France a fait part d’une progression de 2,9 % en 2012 par rapport à l’année dernière. Tandis que le ministère de l’Éducation nationale concluait, de son côté, à une « hausse modérée » de 1,9 %. Ce matin, ce sera au tour de la Confédération syndicale des familles (CSF) de livrer son analyse (lire notre entretien ci-contre). Un verdict que l’on n’imagine guère plus optimiste. Cette avalanche de chiffres, banalisés dans les JT où se bousculent les images de fournitures scolaires, ferait presque oublier un principe tout bête : l’école n’est pas que laïque et obligatoire, mais aussi gratuite...


«  Aujourd’hui, cette école gratuite coûte très cher !»

L’obligation, établie depuis 1881, est inscrite au cœur de la République. On la retrouve dans le Code de l’éducation (articles L. 132-1 et L. 132-2), dans l’article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans l’article 28 de la Convention internationale sur les droits des enfants et dans le préambule de la Constitution française du 27 octobre 1946 ! Seulement voilà, du principe à la réalité, le fossé ne cesse de se creuser. « On peut même dire aujourd’hui que cette école gratuite coûte très cher ! » ironise Jean-Jacques Hazan, le président de la FCPE.

Il y a les fameuses listes de fournitures de rentrée, parfois pléthoriques, qui débarquent de plus en plus tôt dans la scolarité de l’enfant. Mais pas seulement. L’école ne s’arrête pas fin septembre. « À 5 euros le repas à la cantine, ça me fait 80 euros à la fin de chaque mois et 800 euros à la fin de l’année, calcule Elsa, une maman croisée à l’entrée d’une grande surface des Yvelines. Il y a aussi le transport en bus, la coopérative, une ou deux sorties... Franchement, je ne sais pas exactement mais ça fait beaucoup ! »


Au jeu des dépenses, toutes les filières et niveaux d’études ne se valent pas. Les coûts de scolarité s’accroissent au fur et à mesure : modérés en primaire, ils s’alourdissent au lycée, où la gratuité des livres n’est plus obligatoire, et culminent dans les filières professionnelles et technologiques qui nécessitent l’acquisition de matériels spécifiques. Blouses, chaussures de sécurité, outils... L’investissement peut grimper jusqu’à 500 euros en hôtellerie. Sans parler des stages obligatoires en entreprise, parfois ruineux en transports. « Certes, tout ne peut pas être gratuit, mais nous sommes arrivés à une situation où les exigences financières mettent à bas l’égalité d’accès », souligne Jean-Jacques Hazan.

De profondes inégalités territoriales existent

Bien sûr, des aides existent. Mais pour beaucoup d’observateurs le constat est clair : les financements publics, depuis vingt ans, n’ont pas suffisamment accompagné la profonde mutation du système scolaire. Les séjours linguistiques se sont multipliés, tout comme les activités sportives ou encore les nouvelles technologies. Le coût de ces exigences a été, pour l’essentiel, transféré aux collectivités territoriales et, in fine, aux familles, occasionnant de profondes inégalités territoriales.


« En matière de crédit de fonctionnement, les écarts entre les écoles peuvent varier de 1 à 10, souligne le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire. Ces disparités concernent aussi bien le matériel que le financement des sorties scolaires, les mises à disposition d’équipements sportifs ou informatiques. » En fonction des choix politiques, certaines régions offrent ainsi la gratuité des livres aux lycéens, des départements donnent des tablettes tactiles tandis que certaines communes, comme Vitry-sur-Seine, vont jusqu’à payer le cartable aux écoliers avec fournitures incluses...


Pour les syndicats et associations familiales, la solution passe d’abord par la mise en place d’un fonds de péréquation, suffisamment abondé pour venir en aide aux collectivités les moins riches afin qu’elles puissent offrir aux élèves les fournitures indispensables à la mise en œuvre des programmes. La FCPE partage cette exigence et avance d’autres idées : l’obligation, pour les collectivités, d’instaurer des tarifs dégressifs en fonction des revenus des familles et une remise à plat de la politique des bourses. 
« Il faut savoir qu’un collégien, au premier échelon, touche 89 euros par an, ça ne fait pas beaucoup pour se cultiver », s’indigne Jean-Jacques 
Hazan qui entend bien im-
poser ce thème de la gratuité dans la future loi d’orientation sur l’école.


30/08/2012
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