Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

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Grande distribution, grand gaspillage


Grande distribution, grand gaspillage

 

En France, chaque année, la grande distribution jette 600 000 tonnes de denrées alimentaires périssables comme l’attestent ce reportage dans un centre Leclerc et le secrétaire national de l’INDECOSA CGT. La LME (loi de modernisation de l’économie) y est pour beaucoup dans cette pratique.

 

La Terre : Quelle est la tendance actuelle concernant la grande distribution et les associations caritatives ?

 

Arnaud Faucon, secrétaire de l’INDECOSA CGT :


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Auparavant, les produits encore consommables étaient facilement redistribués vers les associations caritatives. Or, aujourd’hui, cette règle devient de plus en plus facultative, en fonction du bon vouloir du gérant du supermarché ou de l’hypermarché. Il faut savoir que des enseignes comme Leclerc sont franchisées, affiliées à une maison mère. Vous avez désormais un chef d’entreprise qui gère son magasin, et qui agit comme bon lui semble. Alors beaucoup s’appuient sur les normes sanitaires et sécuritaires. Les fruits et légumes qui atteignent la limite de conservation sont imbibés de produits vaisselle plutôt que d’être redistribués. Mais, derrière cette sécurité sanitaire, se cachent des intérêts économiques.

 

De quels intérêts économiques parlez-vous ?

 

 

Tout le système français et européen est basé sur la concurrence. La solidarité, y compris par rapport à des produits carnés, n’entre pas dans ce créneau. Les produits qui arrivent en fin de course sont jetés, ce qui évite de les vendre à prix coûtant, et par conséquent, de maintenir le prix avec des marges conséquentes. Le plus flagrant dans ce gaspillage opéré par les grandes surfaces, c’est les prix des fruits et légumes. On maintient une marge extrêmement élevée, aux alentours de 51%. Et d’un autre côté, les primeurs sont achetées une bouchée de pain aux producteurs. Peu importes les cataclysmes économiques liés par exemple aux aléas climatiques. Dans la même logique, l’Europe voulait réduire l’allocation au programme d’aide alimentaire. Un sursis de deux ans a finalement été accordé, grâce à la montée au créneau des associations humanitaires. Aujourd’hui, c’est clair : le social est systématiquement apparenté à de l’assistanat.

 

Vous pensez que si la grande distribution n’opérait pas ces marges si importantes sur les prix, le gaspillage serait en partie évité ?


Oui. Actuellement, nous assistons à une surproduction de pommes. Comment pouvez-vous justifier le fait que les enseignes achètent ces pommes à des prix extrêmement bas et que ces mêmes produits se retrouvent dans les grandes surfaces à plus de deux euros le kilo ? Nous vivons une véritable dictature des centrales d’achat. On nous dit qu’il faut manger cinq fruits et légumes par jour. Bien. Mais quand vous êtes surendettée, que vous devez élever seule vos enfants, ce n’est pas votre achat prioritaire ! Les grandes surfaces, elles, préfèrent bazarder des tonnes de produits plutôt que d’instaurer des prix qui permettraient à tous d’acheter. Résultats : 600 000 tonnes de denrées alimentaires dites périssables sont ainsi jetées tous les ans.

 

 




18/08/2012
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