Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

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Salaires


Et si on parlait salaire ?

 

Et si la campagne électorale permettait enfin de mettre en débat la question salariale dans notre pays ? Elle est sur toutes les lèvres, dans la sphère familiale, entre collègues de travail, et pourtant, s’il n’y avait pas un candidat nommé Jean-Luc Mélenchon et un petit livre au joli titre, « l’Humain d’abord », présentant le programme du Front de gauche, le mot salaire serait le grand absent du débat politique actuel.

François Hollande, semblant oublier les fondamentaux de la gauche, proclame comme découlant d’une évidence, qu’il n’allait pas, s’il était élu, proposer des augmentations de salaire, et que pour l’essentiel, le monde du travail devrait attendre la moitié du quinquennat pour goûter les premiers fruits du changement de politique. Or l’évidence, pour une femme ou un homme de gauche, pour qui fréquente un peu le monde réel, c’est que la France est devenue un pays de bas salaires et qu’il serait invraisemblable d’envisager une reprise de la croissance sans une relance de la consommation, que seule rendra possible une augmentation du pouvoir d’achat.

Qui peut soutenir que la proposition du Front de gauche de porter le Smic à 1 700 euros brut serait une prodigalité excessive, et qu’il serait dans l’ordre des choses de survivre dans la précarité avec un petit millier d’euros ? Personne ne conteste frontalement, mais on parle d’autre chose, on se livre à de savantes controverses sur la manière d’abattre les moutons en Île-de-France… La question salariale se pose aux deux extrémités de l’échelle sociale. La crise du capitalisme produit des effets décadents. L’impudeur, l’absence totale de complexes dans la jouissance immédiate de l’argent, amassé à n’importe quel prix, sont entrées dans le quotidien de l’information.

Le slogan « Enrichissez-vous », lancé par François Guizot à la bourgeoisie de la monarchie de Juillet est une baliverne à l’aune du hold-up perpétré dans le fruit du travail ouvrier par l’oligarchie des grands patrons, dont Nicolas Sarkozy est depuis cinq ans une sorte de fondé de pouvoir. Bousculé, sinon acculé par un mécontentement massif de l’opinion, le candidat président cherche à échapper au naufrage en concédant de molles critiques à l’encontre de pratiques excessives. Il l’a fait avec autant de conviction et d’allant qu’en bafouillant sur sa nuit au Fouquet’s. 


En revanche, il ne s’est pas privé de vilipender les chômeurs et d’annoncer une nouvelle arnaque sur la prime pour l’emploi. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le candidat du Front de gauche a puissamment contribué à la remise en cause, à des degrés très divers selon les candidats, des salaires scandaleusement élevés des grands patrons, des augmentations exponentielles qu’ils s’accordent, aux retraites chapeaux et autres parachutes dorés.

Quand l’opinion publique apprend que le PDG de L’Oréal a touché dix millions d’euros en 2010, elle n’en déduit pas qu’il le vaut bien. Dans un premier temps, moquée par les commentateurs de la pensée unique comme une impolitesse iconoclaste, la proposition de Jean-Luc Mélenchon de fixer la rémunération maximale à vingt fois le salaire médian apparaît bien raisonnable et finalement modérée. Elle met un peu de morale dans un débat politique qui n’en possède pas trop.

 



12/03/2012
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