Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

Front de gauche des pays d'Auray et de Port-Louis

Le Front de gauche discute


Le Front de gauche discute de l avenir de la gauche


le 24 Août 2012

 

La coalition ouvre son université ce weekend. Ces estivales citoyennes se clôtureront dimanche par un meeting. Le Front de gauche est confronté à deux questions essentielles, celle de son positionnement après l’avènement de la gauche au pouvoir et celle de son fonctionnement interne. 

 

« Ne cassons pas l’espoir », confie Amadou Démé, responsable communiste, à Grigny, dans l’Essonne. « Ne donnons pas le signe que l’on traîne des pieds », met en garde Claude Michel, syndicaliste, sans parti. L’inquiétude qui apparaît ici et là dans les rencontres du Front du gauche révèle l’attachement des militants à poursuivre ensemble la belle aventure du printemps électoral. « Si l’on veut que l’essai de 2012 soit transformé dans les échéances suivantes, il ne faut surtout pas revenir en arrière, souligne Roger Martelli (Fase). Mais vouloir poursuivre n’est pas incompatible avec l’envie de faire évoluer et, s’il le faut, de transformer l’outil. »


Une force qui compte sur la scène politique

Ici et là on se remémore la Bastille noire d’une foule imposante et enthousiaste. On ne se rappelle pas cet événement par nostalgie mais pour mieux se persuader de la force que peut représenter cette alliance née officiellement le 8 mars 2009. Une force qui a rassemblé près de quatre millions de voix à la présidentielle. Une force qui compte désormais sur la scène politique, comme le relève le sondage CSA pour l’Humanité (voir page 3) dans lequel 25 % des personnes interrogées estiment que le Front de gauche défend «le mieux les intérêts des salariés». Une force que ne peut nier le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Une force qui, contrairement aux apparences, s’est mise en réflexion dès le lendemain des résultats électoraux pour analyser les résultats, les siens en particulier, débattre de sa place dans le nouveau paysage politique, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, et de son fonctionnement interne. Toutes les structures du Front de gauche, des comités locaux au conseil national (voir ci-dessous), en passant par la coordination ou les fronts thématiques, ont ainsi cogité avant le repos estival. Une réflexion en interne sans connexion entre ces différents niveaux qui ne suivent pas le schéma pyramidal des partis.


la politique à mener pour changer la société

Débats et propositions sont donc suffisamment avancés à la veille de son université d’été, demain et dimanche, à Grenoble, en Isère, où des milliers de militants sont attendus, où les représentants de ses huit composantes prendront la parole, où des dizaines d’ateliers et de réunions approfondiront deux des questions existentielles auxquelles reste confronté le Front de gauche : son positionnement stratégique face au gouvernement actuel et sa nouvelle manière de fonctionner.

Ces deux questions provoquent une controverse, à la fois passionnée et passionnante. L’ensemble des militants se retrouvent sur la politique qu’il convient de mener pour transformer la société. Mais des divergences apparaissent sur la stratégie à adopter pour tendre vers ce mieux-vivre. Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) souhaite une « autonomie conquérante » ; Pierre Laurent (PCF) une liberté d’action « pour obtenir les inflexions majeures ». Cette divergence des représentants des principales formations de la coalition est mal vécue pour certains militants, angoissés par une supposée rupture. « Nous avons évité jusqu’ici les débats de personnes et de pouvoir. Et là, comme il n’y a plus de campagne électorale, chacun veut vivre sa partition. Pour moi, le Front de gauche, ce n’est ni Mélenchon ni Laurent, c’est les quatre millions d’électeurs », estime Amadou Démé. Mais, pour Janette Habel (sans parti), membre du conseil national, « si l’on admet de regrouper plusieurs courants politiques, nous devons accepter que s’exprime la pluralité des opinions. On doit cohabiter avec ça pour une durée que l’on ne peut prévoir car elle dépendra de la situation politique. On doit tout de même s’entendre sur orientation commune ». En ce sens, une charte stratégique est en cours d’élaboration.


devenir une construction politique inédite

Depuis sa fondation, le Front de gauche a vécu une succession de rendez-vous électoraux : les européennes, les régionales, les cantonales, la présidentielle et enfin les législatives, augmentant son score à chaque scrutin. D’une alliance électorale, il entend devenir une construction politique inédite. La transformation est cependant loin d’être simple. Il faudra innover et « trouver, dans la durée un fonctionnement de plus en plus collégial, même en place des formes de participation qui ne mettent personne sur la touche », souligne Pierre Laurent.

L’élan électoral avait suscité des enthousiasmes et entraîné des milliers d’adhésions, au PCF et au PG et au… Front de gauche, même s’il n’est pas possible statutairement de le faire actuellement. C’est justement l’un des points qui provoquent des réactions. Faut-il ou non créer une carte du Front de gauche ? Appartiendrait-il aux comités locaux de les accueillir ? Et quelle sera la place des sans-parti ? Pour Michèle Riot-Sarcey (membre du conseil national, sans étiquette), « il faut donner aux assemblées citoyennes tout leur statut. Il faut que cesse l’éternelle délégation de pouvoir. Le Front de gauche doit être exemplaire sur la démocratie interne ». Un souci sur lequel veille toute la famille Front de gauche.

Il reste que, pour Jean-Luc Mélenchon, l’alliance est « d’abord une stratégie d’action avant même d’être un cadre formel, une organisation ». Il estime que « c’est en auto-construisant que le Front de gauche se définit ». Le débat est loin de s’achever.

 






25/08/2012
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